Position assise en W chez les enfants : entre mythes et réalités

La position assise en W est souvent source de nombreuses idées reçues.


Si tu cherches dans Google “enfant assis en position W” tu trouveras énormément de discours catastrophistes : il ne faut pas laisser son enfant s'asseoir comme ça, cela va endommager ses hanches ou perturber son développement moteur…


Quelle est la réalité de nos connaissances sur ce sujet ? Faut-il vraiment s'inquiéter ?


Je te propose de faire le point de nos connaissances actuelles sur ces affirmations et découvrir la raison pour laquelle la majorité des enfants (63% des enfants) adopte naturellement cette position (et dont trop peu de blogs parlent).

Position assise en W  entre mythes et réalités

Qu'est-ce que la position assise en W ?

Commençons par définir ce que nous entendons par "position assise en W". Cette posture décrit la façon dont un enfant s'asseoit, avec ses fesses au sol, ses jambes pliées vers l'extérieur, ses pieds placés à l'extérieur de ses genoux.


Lorsqu'on regarde l'enfant de face, ses jambes forment un W.


La position en W est une des variantes de la position assise chez l’enfant

Pourquoi les enfants adoptent la position assise en W ?

En cherchant sur internet, de nombreuses explications sont données pour détailler pourquoi les enfants adoptent cette posture assise en W. Dans cet article, nous allons examiner ces différentes théories pour séparer les mythes de la réalité.

Théorie 1 : La position dans l'Utérus

Certains ont avancé l'idée que la position dans l'utérus pourrait influencer la morphologie des jambes et, par conséquent, la facilité de s'asseoir en grenouille.


De prime abord, cette théorie semble intéressante. En effet, on sait que des déformations du pied –comme le pied bot ou le pied varus –, ou des torticolis congénitaux, sont liés à la position fœtale.


Les déformations dues à la position du bébé dans le ventre sont visibles dès la naissance. Ce qui n’est pas le cas ici. De plus, il n'existe actuellement aucune preuve solide établissant un lien entre la position dans l'utérus et l'adoption de la posture en W par l'enfant.


On ne peut donc pas retenir cette théorie.

Théorie 2 : La non-intégration des réflexes archaïques

Certaines personnes avancent que la non-intégration du réflexe tonique symétrique du cou ou du Réflexe Tonique Labyrintique serait responsable de la posture en W.


Cette hypothèse commence à être de plus en plus partagée. Cependant, je n’ai trouvé aucune publication démontrant de lien entre ce réflexe et la position assise en W.

Théorie 3 : Les pathologies avec hypotonie

Il est vrai que les enfants atteints d'hypotonie ont tendance à adopter plus fréquemment la position assise en W par rapport à ceux sans pathologie.


Cependant, cela ne concerne qu'un petit nombre d'enfants prenant cette position. Il nous faut donc trouver une autre explication pour la grande majorité.


De plus, les enfants hypotoniques présentent d’autres signes avant même qu’ils n’atteignent la position assise. En l'absence de ces signes, la position en W seule ne constitue pas un indicateur spécifique d'hypotonie ou de pathologie.

Théorie 4 : Augmenter la stabilité

Une autre explication plausible de la préférence des enfants pour la position en W est qu'elle leur offre une plus grande stabilité. Cette stabilité facilite la manipulation de jouets et d'objets tout en restant assis.

Théorie 5 : L'anatomie de l'Enfant

La véritable raison derrière la position assise en W a été démontrée dans des études scientifiques.


À la naissance, les enfants ont une antéversion du fémur, ce qui signifie que leurs fémurs (l’os de la cuisse) a une torsion naturelle vers l'intérieur plus prononcé que chez les adultes. Cela conduit à une rotation interne des hanches et rend la position en W plus confortable pour les enfants.


Antéversion du fémur

Par la suite, cette antéversion diminue progressivement au cours de la croissance, généralement entre 6 et 10 ans. C'est pourquoi la position en W devient moins agréable et est abandonnée par la plupart des enfants.


C'est pourquoi aussi, en tant qu'adulte, il est difficile de comprendre que la position W soit plus facile à adopter pour les enfants. Car leur anatomie est différente. Cela a poussé les adultes à tenter de trouver différentes théories.

Pour comprendre la tendance naturelle de la majorité des enfants à se mettre en position assise en W, on a :

  • Une explication de rotation du fémur assez logique et qui a démontré sa véracité pour la majorité des enfants; une recherche de stabilité enfin dans de rares cas, un effet de l'hypotonie.
  • D'autres explications qui n'ont, à ce jour, pas fait leurs preuves.

Les conséquences de la position assise en W

Sur internet, il existe de nombreuses allégations sur les conséquences possibles de la position en W chez les enfants, certaines étant assez alarmistes. Examinons ces affirmations à la lumière des données scientifiques disponibles.


La position assise en W entraînerait :

Hypothèse 1 : Des dysplasies de hanches

L'une des plus anciennes préoccupations concernant la position en W est qu'elle pourrait provoquer une dysplasie de la hanche.


Cependant, de nombreuses études, dont celle menée par Rethlefsen and al, ont comparé des enfants ayant l’habitude de s'asseoir en W, à d'autres qui n’adoptaient pas cette position. Ils n'ont trouvé aucune différence dans le risque de dysplasie de hanche.


Leur conclusion : la position W n'entraîne pas de dysplasie de hanche.

Hypothèse 2 : Les pieds tournés vers l'intérieur

En réalité, la rotation interne des fémurs (l'antéversion naturelle plus ou moins prononcée) est à l'origine des pieds tournés vers l'intérieur, et non l'inverse.


Pour les enfants ayant une telle rotation interne, la position en W peut être plus confortable.


Ainsi, la position en W n'est pas la cause des pieds tournés vers l'intérieur, mais plutôt une conséquence de la rotation des fémurs, qui favorise également cette posture en W.

Hypothèse 3 : Mal de dos

Établir un lien direct entre la posture assise en W et les douleurs lombaires n'est pas évident, car il existe de nombreuses autres raisons potentielles qui pourraient entraîner de telles douleurs.


À ce jour, aucune étude ne montre d'impact de la position en W sur le mal de dos à long terme.

Hypothèse 4 : Les genoux en X et perturberait la course à pied

Concernant l'affirmation selon laquelle la position en W entraînerait les genoux en X et perturberait la course à pied, il est intéressant de noter que certain·es coureurs·es de marathon de renom, telles que Priscah Jeptoo (médaillée d'argent au Marathon olympique) et Geoffrey Mutai (vainqueur des marathons de New York et Boston), adoptent une posture similaire en courant.


Il n'y a, à ce jour, aucune preuve que la position en W nuise à la capacité de courir.


Hypothèse 5 : Autres conséquences

D'autres allégations – telles que des contraintes anormales sur les genoux et les hanches, des rétractions musculaires, une diminution de la force, des problèmes d'équilibre, des déficits de rotation du tronc, un retard de développement moteur et des douleurs – n'ont pas été corroborées par des études scientifiques.

À ce jour, et pour beaucoup d'experts, la position en W chez les enfants sans pathologie, la position assise n'aurait aucune conséquence.

Dois-je m'inquiéter de la position en W ?

En toute honnêteté, il n'y a pas lieu de s'inquiéter de la position assise en W chez les enfants sans pathologie.


Plusieurs études ont montré que c'est une position de confort adoptée naturellement par 40 à 63 % des enfants pour jouer.


Le Dr. Goldstein, qui a mené des recherches sur le sujet, déclare qu'il n'y a pratiquement aucun scénario dans lequel la position en W serait réellement un problème. Il souligne qu'il y a des préoccupations bien plus importantes auxquelles les parents doivent faire face que d'empêcher leurs enfants de s'asseoir en W.

Comment évolue la position assise en W avec le temps ?

Selon des études de suivi, les enfants cessent généralement d'utiliser la position en W à mesure qu'ils grandissent, en raison de l'évolution naturelle de la dérotation des fémurs.


La position en W est une adaptation à l’anatomie de l’enfant. Celle-ci évolue naturellement lors de la croissance. La plupart des enfants abandonnent cette position d'eux-mêmes vers l'âge de 6 à 10 ans.


Cependant, certains adultes peuvent conserver une antéversion plus importante et continuer à s'asseoir en W sans aucune conséquence notable.

Faut-il corriger la position en W de mon enfant ?

Pour les enfants sans pathologie, aucune étude ne montre d'intérêt à corriger la position en W.


En ce qui concerne la motricité des enfants, il est généralement recommandé de changer régulièrement de position, que ce soit assis en W, en V ou sur une chaise. Si ton enfant adopte constamment la position en W, il peut être judicieux de lui proposer d'autres activités pour varier ses positions.


Cependant, en règle générale, il n'est pas nécessaire de corriger cette posture, car les enfants en changent eux-mêmes régulièrement pour attraper un objet, marcher...

Quand faut-il envisager un suivi particulier ?

Jusqu'à présent, je n'ai parlé que des enfants sans pathologie déclarée.


Cependant, il existe des cas particuliers nécessitant une attention particulière :


Les enfants atteints de pathologies (trisomie, paralysie cérébrale, etc.) : Pour ces enfants, il est essentiel de suivre les recommandations des professionnel·es de santé qui les accompagnent.


Les accouchements particulièrement longs et difficiles, les enfants qui requièrent des soins médicaux intensifs à la naissance ou présentent une grande prématurité : Si la position en W est associée à d'autres signes, il convient de maintenir la vigilance. Ton/Ta pédiatre examinera toutes les informations disponibles pour s'assurer que tout est "normal".


En l'absence de ces circonstances particulières, et si ton enfant se développe normalement, la position assise en W ne devrait pas être considérée comme un signe de pathologie.

En conclusion, la position assise en W chez les enfants en bonne santé est inoffensive. Il s'agit d'une adaptation naturelle à leur anatomie en évolution, et la plupart des enfants abandonnent spontanément cette posture en grandissant.

Bibliographie :

Susan A Rethlefsen. "Hip Dysplasia Is Not More Common in W-Sitters". Clinical Pediatrics. https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0009922820940810


Evan L. Honig, Heather S. Haeberle, Clare M. Kehoe, Emily R. Dodwell. "Pediatric orthopedic mythbusters: the truth about flexible flatfeet, tibial and femoral torsion, W-sitting, and idiopathic toe-walking". Current Opinion in Pediatrics. DOI : https://doi.org/10.1097/MOP.0000000000000977

Hedberg, Å., Carlberg, E. B., Forssberg, H., & Hadders-Algra, M. (2005). Development of postural adjustments in sitting position during the first half year of life. Developmental Medicine & Child Neurology, 47(5), 312–320. https://doi.org/10.1017/S0012162205000605





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jonathan gillaux kinésithérapeute

Jonathan

Kinésithérapeute en pédiatrie