Tu as remarqué que ton bébé “fait des abdos”, en soulevant la tête et les épaules comme s’il voulait s’asseoir ? Ce geste impressionne souvent les jeunes parents, qui se demandent : est-ce une étape normale du développement moteur ou un signe à surveiller ?
Dans cet article, je t’aide à faire le point sur cette posture très fréquente, parfois anodine… parfois révélatrice d’une difficulté. Tu découvriras pourquoi ton bébé tire sur ses abdos, dans quels cas cela s’inscrit dans un développement harmonieux, et surtout, comment l’accompagner au quotidien.
Quand on parle de « faire des abdos pour s’asseoir » chez un bébé, on décrit souvent ce mouvement où il contracte fortement sa sangle abdominale, soulève la tête et les épaules, voire tente de tirer le haut du corps pour se redresser. Ce comportement peut apparaître lorsqu’il est allongé sur le dos, semi-incliné dans un transat, ou même dans tes bras. Parfois, il agrippe ses vêtements ou essaie de se tracter vers l’avant.
Ce geste montre que ton bébé cherche à explorer de nouvelles postures. Il sent que son corps peut faire plus, il a envie de voir ce qui se passe plus loin, plus haut. Le problème, c’est que ce n’est pas la manière la plus efficace ou physiologique de passer à la position assise.
Ce mouvement traduit surtout une envie de bouger, mais il se retrouve comme bloqué car ce n’est pas la technique la plus adaptée. Il lui manque les étapes motrices intermédiaires qui lui permettraient de le faire via les « chemins naturels » du développement moteur.
Dans bien des cas, ce tirage sur les abdos n’a rien d’inquiétant. Ton bébé peut simplement être en train d’expérimenter, par essai-erreur, des possibilités motrices. Il teste, joue avec ses limites, puis passe à autre chose. Il découvre alors que cela n’a pas d’utilité pour la suite et n’est pas fonctionnel. Ce mouvement isolé, ponctuel, fait alors partie de sa découverte du corps.
Quand faut-il relativiser ? Si ce comportement est rare, non systématique, et que ton bébé explore également d’autres postures (retournement, appuis sur les bras, pivots, déplacements variés), il n’y a pas lieu de s’alarmer. Laisse-le explorer tout en l’encourageant à varier ses stratégies.
Certains bébés utilisent temporairement ce geste parce qu’ils ont vu quelqu’un faire, ou parce qu’ils sentent que c’est une façon rapide d’attirer l’attention. Tant que cela reste occasionnel et qu’ils ne s’y enferment pas, c’est une phase comme une autre.
Mais si ce geste devient récurrent, automatique, et que ton bébé semble insister dans ce schéma sans explorer d’autres possibilités motrices, cela peut traduire une petite difficulté motrice d’accès à d’autres postures.
Les causes possibles sont multiples :
Un manque de mobilité, notamment dans les hanches ou les épaules
Une dissociation de ceinture peu acquise (bassin et tronc bougent en bloc)
Des retournements non maîtrisés ou absents
Une poussée sur les bras qui tarde à apparaître
Un manque de temps au sol pour explorer librement
Le manque de possibilités d’expérimenter des mouvements variés avec son corps
Le transat ou le cosy, souvent utilisés pour des raisons pratiques, peuvent aussi jouer un rôle. En bloquant les mouvements latéraux et en arrière, ils laissent uniquement la direction vers l’avant disponible. C’est donc à cet endroit que ton bébé va chercher à se mouvoir… en forçant sur ses abdos. Petit à petit, il ancre un schéma moteur peu fonctionnel. Comme c’est le seul qu’il connaît, il le reproduit ensuite lorsqu’il est au sol.
Enfin, s’il a été souvent mis en position assise trop tôt, sans y être monté par lui-même, cela peut perturber la construction de sa motricité assise. Il essaiera alors de revenir à cette position par tous les moyens connus… y compris les abdos.
Si tu remarques que ton bébé tire souvent sur ses abdos pour essayer de se redresser, pas de panique : tu peux tout à fait l’accompagner en douceur pour l’aider à retrouver une motricité plus fluide. L’idée n’est pas de corriger ou de forcer, mais plutôt d’ouvrir des portes, de lui proposer d’autres chemins pour bouger, explorer, apprendre.
Même si c’est impressionnant ou semble volontaire, mieux vaut ne pas le féliciter ni l’encourager dans ce sens. Propose-lui plutôt un jeu placé au sol ou sur le côté pour l’aider à rediriger son attention et repartir dans un mouvement plus fonctionnel.
S’il le fait dans le transat ou dans tes bras, pose-le simplement au sol, sur le dos ou sur le ventre.
Observe aussi comment l’environnement peut renforcer certains schémas. Un jouet suspendu trop haut, un transat incliné ou des objets placés trop en face de lui peuvent accentuer l’envie de se tirer vers l’avant. En ajustant ces petits détails, tu favorises une motricité plus variée, plus riche.
L’idéal est de lui offrir un maximum de moments au sol, (la motricité libre est un très bon outil pour cela) sur un tapis ferme mais confortable. C’est là qu’il va pouvoir expérimenter, rouler, pivoter, basculer… Ces mouvements sont essentiels pour développer ses appuis, sa coordination et les enchaînements moteurs qui lui permettront, plus tard, de s’asseoir de façon autonome et fluide.
Pour bien l’accompagner, il est important que tu connaisses les différents enchainements possibles d'étapes naturelles qui mènent à la position assise. Le chemin moteur le plus classique passe par le retournement, le quatre pattes, une bascule des fesses sur le côté, puis une poussée sur les bras. Ce trajet respecte la construction motrice du bébé et l’aide à renforcer ses appuis.
Il ne te reste plus qu’à proposer des stimulations dans ce sens.
Et si tu sens que ton bébé reste bloqué dans ce schéma, ou que ses efforts sont trop intenses ou frustrants, n’hésite pas à consulter un professionnel formé à la motricité du nourrisson. Un kinésithérapeute pédiatrique pourra observer, guider et proposer des ajustements concrets pour aider ton bébé à avancer plus sereinement.
Voir ton bébé forcer sur ses abdos pour s’asseoir, c’est souvent le signe d’une grande motivation… mais pas toujours avec les bons outils.
En l’aidant à retrouver les bons appuis et les bons enchaînements, tu lui ouvres la voie vers une motricité plus fluide, plus naturelle, et surtout plus confortable. Chaque bébé a ses chemins, mais connaître ceux qui respectent son développement moteur peut vraiment faire la différence.
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