Pourquoi accorder de l’importance au développement moteur du bébé dès sa naissance ?
Aujourd'hui, on remarque que 1/3 des enfants en école maternelle présente des faiblesses motrices. La plupart de ces difficultés peuvent trouver leur origine aux premiers mois de vie du bébé, dans le parcours le menant de la naissance à la marche.
C’est en comprenant comment l’enfant bouge, et ce qui lui est nécessaire pour évoluer en pleine santé, que l’on pourra correctement l’accompagner dans son développement moteur. Cela lui permettra d’acquérir complètement ses compétences motrices pour grandir en toute sécurité et devenir un adulte adroit.
Le développement moteur du bébé est le processus permettant au bébé d’acquérir des compétences motrices qui lui sont propres et d’évoluer...
de la naissance, où il effectue très peu de mouvements, avec :
... à un contrôle volontaire progressif de ses postures et de l’ensemble des parties mobiles de son corps, afin de se mouvoir de manière harmonieuse, dans des situations complexes (courir, escalader, enjamber, s’accroupir, etc.).
Ce processus obéit à 4 “lois” :
Le développement normal de la motricité est complexe, multifactoriel et fait intervenir plusieurs éléments (que je ne pourrais pleinement traiter dans cet article) :
etc.
C’est pourquoi on parle alors de développement psychomoteur.
Finalement, les capacités motrices visibles de l’enfant, c’est-à-dire ses mouvements observables depuis l’œil de l’adulte, ne sont que la portion émergée de l’iceberg du développement moteur. Lui-même représente une infime partie du développement global de l’enfant.
Nous l’avons vu, le développement moteur du bébé ne peut se résumer à une succession d’étapes linéaire. Cependant, lorsque l’on observe les enfants, on remarque un certain nombre de transitions motrices par lesquelles ils passent presque tous.
Lorsque bébé se développe, sa première motricité est involontaire (dite réflexe). Les réflexes les plus connus sont :
Dans la suite du développement de la motricité globale, il serait réducteur de parler uniquement des positions : plat dos, plat ventre, retournements, rampe, quatre pattes, tenir assis et enfin la marche.
En réalité, au cours du développement du nourisson vers la marche, on distingue plus de 50 transitions motrices dont la succession n’est pas linéaire : plusieurs transitions motrices peuvent évoluer en parallèle.
Par contre, l’acquisition de certaines transitions motrices s’avère nécessaire pour accéder à des apprentissages de qualité menant aux transitions suivantes.
Je préfère alors parler de “chemin moteur” ; cela permet de mieux prendre en compte cette variabilité.
Un peu comme sur une carte offrant la possibilité au bébé de choisir différents itinéraires (différentes capacités motrices), en fonction de son environnement et de tous les autres facteurs influençant sa motricité.
Ces différents chemins moteurs sont possibles par éveil au monde et un contrôle du tonus musculaire. Ils assurent une maîtrise progressive et harmonieuse des différents mouvements possibles.
Petit à petit, bébé va “habiter” son corps, pour s’en servir comme d’un outil utile à son développement, et se construire en tant que personne à part entière.
Avec les chemins moteurs, on voit que les capacités motrices du bébé progressent avec le temps et, surtout, en fonction du développement des autres éléments du développement global de bébé.
Cet article s’arrête à l’apprentissage de la marche. Évidemment, le développement moteur de votre enfant continue après cette période pour développer des capacités plus complexes (courir, sauter, taper dans un ballon de foot …). La latéralité c’est-à-dire l’acquisition d’une main dominante se fera également plus tard.
Ce processus est dynamique et très variable selon les individus On ne peut donc pas donner d’âge précis de la réalisation de ses transitions motrices pour savoir s’il y a un retard de développement.
Ce qui importera et devra être observé, c’est de voir comment bébé organise sa motricité, ses mouvements et la qualité du mouvement, plutôt que le simple résultat.
Ceci nous poussera à faire attention que, pour des raisons de “sécurité”, on ne bloque pas les enfants avec du matériel contraignant la liberté de leur mouvement, alors que l’un de leurs besoins essentiels consiste justement à pouvoir bouger et expérimenter leur motricité.
Deux situations extrêmes vues dans mon cabinet pour illustrer ce propos :
Pour parcourir complètement ces différents chemins moteurs et maîtriser l’ensemble des transitions motrices, cela prend du temps. Par exemple, on estime que ce n’est qu’entre 6 et 8 ans que l’enfant acquiert une marche similaire à celle de l’adulte !
Dès lors, on évitera de mettre bébé dans des positions qu’il n’est pas capable de trouver seul afin qu’il ne grille des étapes et ne puisse vivre et ressentir des expérimentations motrices indispensables à sa bonne évolution.
L’être humain évolue depuis des millions d’années. Et si les enfants ont besoin de passer par ces différentes transitions motrices, c’est que chacune d’elle aura une importance dans leur développement moteur et global, à court et moyen termes.
En voici quelques exemples :
Il convient donc de :
Au cours de cette évolution le long des chemins moteurs, le bébé appréhendera la gestion de chaque muscle. Il intégrera leur rôle dans la mobilisation de chaque articulation et comment les membres sont positionnés dans l’espace. Il ressentira où se situe son centre de masse et saisira comment positionner son centre de gravité dans un polygone de sustentation (surface au sol entre les différents appuis), qui se réduit au fur et à mesure de son développement, l’obligeant à découvrir et améliorer son équilibre.
Pour gérer l’ensemble de ces éléments, le bébé doit pouvoir compter sur des systèmes ayant deux finalités : l’informer de comment il se situe dans son environnement et le stimuler à se mettre en mouvement.
Ces systèmes reposent principalement des différents sens que possède le bébé :
Ces interrelations indispensables entre les sens et la motricité, contribueront à l’acquisition d’une motricité de qualité, avec des mouvements harmonieux et des postures stables. C’est ce que l’on appelle la sensori-motricité.
Voilà pourquoi, au cours de son développement moteur, le bébé fera progressivement des expérimentations motrices, des essais, et ressentira ce qu’il se passe. Il y prendra plaisir et recommencera pour retrouver ce plaisir.
Tous les enfants en bonne santé portent en eux les bases génétiques d’un bon développement moteur.
Cependant, les études actuelles démontrent que cela est insuffisant pour atteindre une évolution motrice de qualité. Elles suggèrent que l’expérimentation motrice du bébé permettra de sélectionner et renforcer les synapses (connexions entre deux neurones) utiles dans des groupes neuronaux. À condition d’être dans un environnement favorable.
Bébé apprend par sérendipité ses différentes possibilités motrices, selon ses capacités actuelles.
(La sérendipité, c’est le fait de découvrir et apprendre par hasard.)
En réalité, bébé tentera plusieurs mouvement jusqu’à trouver le plus efficace, économe et pertinent pour son évolution. Il se crée ainsi tout un répertoire de possibilités motrices variées pour s’adapter aux différentes situations rencontrées.
Cela implique que l’on devra laisser libre son enfant de faire une exploration active des capacités de son corps et de son environnement.
Inutile donc de lui apprendre ou enseigner comment réaliser les différentes transitions motrices. L’adulte doit être là pour proposer un environnement adapté et les conditions nécessaires afin que bébé fasse ses propres découvertes, par lui-même.
Pour cela, il convient :
Afin d’éviter l’apparition des troubles de la motricité, les parents doivent pouvoir proposer un accompagnement qui réponde à tous ces critères.
Voici quelques pistes de réflexion :
Je l’ai déjà évoqué dans l’article : le développement moteur n’est qu’une partie du développement global de l’enfant. On parle alors volontiers de développement psychomoteur. Ce dernier regroupe différentes dimensions et, pour illustrer ce propos, je reprendrais ci-après des extraits d’A nous de jouer du TMVPA.
Le développement moteur influence :
Le développement moteur est influencé par :
Le développement moteurde votre bébé s’intègre dans le développement global de l’enfant, il est en interrelation continue avec les dimensions intellectuel, sociale et morale, cognitive, langagière et affective.
Tout enfant connait un développement moteur à un rythme qui lui est propre, dépendant de son bagage génétique comme de son environnement.
Il appartient au parent de proposer une activité motrice régulière à son nouveau-né avec des stimulations individualisées, adaptées à l’évolution et aux capacités de son enfant pour qu'il prenne confiance en lui et en ses capacités. Elles lui seront nécessaires pour pleinement se développer le long de son chemin moteur.
Ce chemin le mènera de la naissance à la marche, puis à des activités motrices plus complexes de qualité.
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Bibliographie :
Forestier M. De la naissance aux premiers pas: accompagner l’enfant dans ses découvertes motrices. 2015. (https://michele-forestier.fr)
À nous de jouer! : le développement moteur de l'enfant, un pilier important du développement globa (https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/3214737)
Adolph KE. Learning to Move. Curr Dir Psychol Sci. 28 juin 2008;17(3):213‑8.
Jonathan
Kinésithérapeute en pédiatrie