Pourquoi ne pas utiliser l’âge pour suivre l’évolution motrice de son enfant ?
La plupart des parents me demandent :
- À quel âge, bébé se retourne ?
- À quel âge, bébé rampe ?
- À quel âge, bébé fait le quatre pattes ?
- À quel âge, bébé tient assis ?
- À quel âge, bébé marche ?
- ...
Je les surprends souvent quand je réponds que : pris seul, l’âge de réalisation des différentes transitions motrices n’a pas d’importance.
Pourquoi se poser cette question ?
Les parents – et c’est normal ! – , veulent s’assurer que leur enfant se développe correctement: ils s’inquiètent de savoir s’il est en bonne santé ou pas. Dès lors, l’âge de réalisation des différentes transitions motrices du développement moteur représente des points de repères facile à évaluer.
Lorsque les parent se renseigne, ils entendent à la crèche, lisent sur internet ... que bébé doit :
- Se retourner à 5 mois pour les autres, ce serait 7 mois
- À 6 mois, le pédiatre demande si l’enfant tien assis, alors qu’ils ont lu à d’autres endroits que ce serait qu’à 9 mois.
- Certains parents annoncent fièrement que leur enfant a marché à 10 mois alors que pour d’autres ce sera à plus de 21 mois.
Toutes les sources donnent des dates différentes. Et c’est ainsi qu’en tant que parent, on se retrouve perdu dans toutes ces informations contradictoires et on voudrait savoir si son enfant va bien.
Qui à raison ?
Tout le monde... et personne en même temps !
Le développement de la motricité du bébé est un processus complexe et multifactoriel. Il existe alors une très grande variabilité d’âge pour l’acquisition des étapes du développement moteur pouvant aller du simple au double.
Lorsque l’on regarde les études chez des enfants sans pathologie, on constate par exemple que la tenue de la position assise commence à 5 mois chez certains et que 90 % des enfants tiennent cette position à 9 mois. Ce qui signifie que 10% des enfants en bonne santé ne tiennent toujours pas assis à 9 mois,soit environ 75000 enfants en France !
Et tout est normal.
Ce n’est pas par ce qu’un enfant fait ses premiers pas à 18 mois qu’il accuse un retard.
On voit donc que se contenter de l’âge d’acquisition des différentes étapes motrices isolément, ne constitue pas un bon moyen pour s’assurer que son enfant évolue comme il faut.
Chaque enfant grandit à son rythme. La motricité n’est pas une course à celui qui sera le premier à réussir ses étapes motrice !
Les autres pièges !
Le second piège dans le suivi de l’évolution de son enfant, est de se référer uniquement aux 6 grandes étapes du développement moteur : le retournement, le ramper, le 4 pattes, la position assise, à genoux et la marche .
En réalité, il existe plus de 50 transitions motrices différentes qui permettent au bébé d’aller de la naissance vers la marche.
Si vous ne regardez que les 6 étapes, le temps d’acquisition entre chacune d’elle peut paraître long et donne une impression de stagnation ,somme toute, inquiétante.
En observant chacunes des étapes intermédiaires, toutes les semaines, voire tous les jours, vous constaterez les progrès de votre enfant.
Et finalement c’est peut-être ça le plus intéressant : que son enfant fasse régulièrement de nouvelles acquisitions motrices.
Quels critères prendre en compte ?
Pour s’assurer que son enfant grandit bien il est préférable, de regarder les progrès réguliers de son enfant évoqués juste avant. Régulier ne signifiant pas linéaire. La progression motrice est un enchaînement d’acquisitions motrices rapides, de plateaux d’intégration et de régression, pour améliorer les apprentissages.
Le second élément à considérer dans le suivi de la motricité (et peut être le plus important), c’est la qualité du mouvement réalisé par l’enfant, sa diversité, son aisance motrice et le contrôle des mouvements réflexes ou automatiques.
Quand s’inquiéter ?
Les visites régulières chez le pédiatre lors de la première année de vie assurent justement un suivi de votre enfant par un·e professionnel·le de santé. En fonction de toutes les données à sa disposition,elle ou il pourra estimer s’il convient de suivre votre enfant de manière plus poussée.. Votre pédiatre ou votre kiné reste votre référent·e.
De votre côté, si vous décelez les premiers signes évoquant des difficultés motrices, vous pourrez réagir le plus tôt possible enlui proposant des stimulations adaptés puis en parler avec votre pédiatre.
Quelles conséquences ?
Si on fait le suivi de son enfant en ne prenant en compte que les âges associés à une norme, vous risquez de lui proposer des stimulations motrices , un environnement ou du matériel inadaptés au besoin de votre enfant.
Ces stimulations inadaptées peuvent être à l’origine des troubles du développement moteur (comme la plagiocéphalie, le torticolis, des enfants bloqués assis, l’absence de réaction parachute, etc.) avec des conséquences à court, moyen et long termes sur l’évolution motrice et le développement global de votre enfant.s
Conclusion
Le développement moteur de l’enfant est le fruit de plusieurs millions d’années d’évolution. Ce temps d’évolution progressif est là pour permette aux bébés d’apprendre toutes ses possibilités motrices avec un maximum de sécurité et de les intégrer sereinement.
Pour aider votre enfant à bien grandir, vous pouvez suivre les principes de la motricité libre d’Emmi Pickler et d’autres auteurs qui ont analysé ces besoins de l’enfant afin de leur permettre de leur proposer les conditions adaptées à leur bon développement.
Votre enfant est unique, il n’a pas besoin d’être comparé tout le temps aux autres, prenez plaisir à l’observer dans ses progrèsréguliers et jouer avec lui.
👇Dites-moi en commentaire s’il est courant que l’on compare votre enfant aux autres? Qu’est-ce que cela créer chez vous?👇
Bibliographie :
Forestier M. De la naissance aux premiers pas: accompagner l’enfant dans ses découvertes motrices. 2015. (https://michele-forestier.fr)
Alberta Infant Motor Scale
Observer et accompagner le développement de l’enfant de 0 à 6 ans.
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Jonathan
Kinésithérapeute en pédiatrie