Motricité, comment mon neveu de moins de 2 ans a-t-il évité le pire ?
Aujourd’hui, je te partage une histoire personnelle qui permet de mieux comprendre l’utilité de la motricité libre.
1- Le recit
Ma sœur m'avait sollicité pour garder son fils de 19 mois une journée ; ce que j'ai accepté avec plaisir.
Mais ce jour-là, j'ai bien cru que j'allais devoir appeler les pompiers…
Entre les repas et les siestes, la plus grande partie de temps libre est du temps de jeux.
Ce qui le fait le plus rire ce jour-là, c'est quand je le poursuis dans les couloirs de la maison en faisant le monstre comme si j'allais l'attraper.
Cela fait déjà quelques mois que mon neveu marche, il commence à faire une marche rapide à la limite des premiers pas de course.
Alors que pour la énième fois, je le poursuis avec mes grognements, il court maladroitement en dandinant devant moi et se retourne pour regarder où je me trouve.
C’est là que tout bascule :
Il s’emmele les pieds, se fait un croche-patte et perd son équilibre, tout son corps vers l'avant.
Moi, j'arrête mes grognements, je le vois tomber au ralenti et imagine déjà sa tête heurter le sol en premier.
Heureusement, ce n’est pas ce qui se produit.
Dans sa chute, il a le réflexe de s’enrouler et de placer ses mains vers l'avant.
Il tombe alors sur le côté, fait plusieurs roulés-boulés sans que sa tête ne heurte une seule fois le sol, puis repart à toute vitesse à quatre pattes, toujours pour éviter que je ne l’attrape.
2- Que nous apprend cette histoire sur le développement moteur de l’enfant ?
Tout d’abord, la nécessité que les enfants apprennent à tomber.
Car un enfant en sécurité n’est pas un enfant qui ne tombe pas – c’est impossible –, mais un bébé qui sait se rattraper lorsqu’il tombe.
Ensuite, on peut voir toute l’importance du travail de la motricité au sol pour plus tard.
Si mon neveu s’était habitué à ne se retourner que sur un tapis mou et qu’il y laissait à chaque fois tomber sa tête, à ton avis, quelle aurait été sa réaction lors de sa chute ?
Il y a de grandes chances qu’il aurait reproduit le même schéma et laissé sa tête toucher le sol.
Dans ce cas-là, il se serait probablement fait très mal ! (Et j'aurais peut-être eu besoin d'appeler les pompiers ! )
D’où l’utilité, lorsque bébé commence à se retourner, de le laisser faire des roulés-boulés sur le carrelage. Les premières fois, il est probable que bébé cogne sa tête au sol. Mais à cette hauteur, le plus grand risque est qu’il se fasse une bosse et pleure (ce qui est peu comparé à une chute de toute sa hauteur lorsqu'il marche)
Il prend alors conscience que le sol est dur et qu’il vaut mieux éviter de le taper.
Dès la naissance, propose des temps d’activité à ton bébé sur le carrelage ou le parquet (juste quelques minutes au début).
Il prendra alors conscience que le sol, c’est dur et qu’il doit mettre en place des stratégies pour ne pas taper avec la tête.
3- Comment bébé met-il en place ces réactions de protection ?
C’est un des autres aspects du développement moteur (qui ne consiste pas seulement à marcher).
Chacune des étapes des chemins de la motricité du bébé lui permet d’appréhender progressivement des situations avec un danger de plus en plus important.
Cela commence dès la naissance, lorsque bébé est placé sur le ventre et qu’il doit prendre appui sur ses avant-bras jusqu’à ce qu’il lâche ses mains pour faire ses premiers pas en toute confiance.
Les réactions de protection les plus importantes sont les réactions parachutes qui consistent à placer ses mains entre le sol et sa tête pour amortir, voire éviter les chocs sur la partie du corps la plus importante à protéger : le cerveau.
La seconde réaction de protection est l’enroulement. Elle permet à ton enfant, tel un judoka, de tomber en roulant sans se faire mal.
Lorsque ton bébé évolue en motricité libre, c’est-à-dire qu’il choisit quand il est prêt à passer à l’étape suivante, l’un des critères (en plus de la force, de la maturation du cerveau, de la myélinisation des neurones, ...) c’est de savoir s’il se sent en confiance et en capacité de se protéger.
Certains troubles de la motricité apparaissent lorsque bébé n’ayant plus assez confiance en lui se rigidifie et se bloque par peur.
La nature est belle et a bien fait les choses. Accompagne sereinement ton bébé dans ses apprentissages moteurs en fonction de ses compétences et non pas de son âge.
Observe la beauté de ses mouvements et essaie de découvrir leurs utilités.
4- Conclusion
Voilà ! J'espère que ce récit à la fin heureuse te permettra de bien réaliser que chaque étape
du développement moteur a une utilité pour toute la vie de ton enfant.
Personnellement à plus de 30 ans j'ai écore fait l'expérience de ces réactions lors de mes 3000km à pied.
👇As-tu toi aussi des histoires comme celles-là ou la motricité de ton bébé remplissaient un autre rôle que la marche? Partage-les-moi dans les commentaires👇
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Jonathan
Kinésithérapeute en pédiatrie