La Motricité libre : Respecter le développement moteur naturel de Bébé

La motricité libre est une approche du développement moteur de l'enfant, popularisée par la pédiatre hongroise Dr. Emmi Pikler dans les années 60. Cette méthode met l'accent sur le respect du rythme naturel de développement de chaque enfant, en lui permettant d'explorer librement ses mouvements et d’expérimenter ses possibilités motrices au maximum.

Les principes fondamentaux de la motricité libre reposent sur plusieurs piliers essentiels.

Tout d'abord, il s'agit de respecter le rythme individuel de chaque enfant, en reconnaissant que chaque bébé a son propre calendrier de développement et suit ses propres enchainements d’étapes.

Ensuite, cette approche préconise de fournir un environnement sécurisé et adapté qui encourage l'exploration et le mouvement libre. L’enfant est capable, à sa manière et à son niveau.

Un autre principe clé est la place de l'adulte dans l’accompagnement du développement moteur. L'adulte doit être présent, mais intervenir le moins possible, permettant ainsi au bébé de développer sa confiance en ses propres capacités. Il est essentiel de respecter les besoins de l’enfant, qui doivent être pris en compte par l’adulte.

Enfin, l'observation attentive et le soutien émotionnel sont cruciaux pour accompagner l'enfant dans son développement.

La motricité libre se distingue des approches traditionnelles du développement moteur de l'enfant. Contrairement aux méthodes qui encouragent à placer les bébés dans des positions qu'ils ne peuvent pas atteindre par eux-mêmes (comme les assoir avant des supports), la motricité libre laisse l'enfant découvrir ces positions par lui-même. Elle évite également l'utilisation de dispositifs qui contraignent les mouvements naturels du bébé, comme les trotteurs ou les sièges pour bébé. Cette approche se concentre sur la création d'un environnement propice à l'exploration.

La motricité libre offre une multitude d'avantages pour le développement global de l'enfant, touchant à la fois les aspects physiques, cognitifs et émotionnels. Ces bienfaits s'étendent bien au-delà de la petite enfance, posant les bases d'un développement sain à long terme.

La mise en œuvre de la motricité libre dans la vie quotidienne nécessite une approche réfléchie et cohérente. Voici quelques conseils pratiques pour intégrer efficacement cette méthode dans ta routine familiale.

Le rôle des parents dans la mise en place de la motricité libre est important pour son succès. Il ne s'agit pas simplement de laisser l'enfant sans surveillance, mais d'adopter une approche proactive et bienveillante tout en respectant son autonomie.

L'encouragement et le soutien sont essentiels. Les parents doivent valoriser les efforts de leur enfant, plutôt que de se concentrer uniquement sur les résultats. Cela implique de féliciter l'enfant pour ses tentatives, même s'il ne réussit pas immédiatement. Il est important d'être présent et rassurant, sans pour autant intervenir de manière trop importante dans les mouvements de l'enfant. Montrer un intérêt sincère pour les explorations de l'enfant peut grandement stimuler sa motivation et sa confiance.

La création d'un espace favorable à la motricité libre est un autre aspect primordial. Cela implique d'aménager un environnement sûr et adapté aux compétences de l'enfant. Il faut éliminer les dangers potentiels tout en laissant suffisamment de défis appropriés pour stimuler l'apprentissage. Il faut donc adapter régulièrement l’environnement dans lequel évolue Bébé. L’espace doit être organisé de manière à encourager l'exploration, avec des zones ouvertes pour le mouvement et des objets intéressants à découvrir. On évitera de trop réduire l’espace de déplacement.

Lors des premiers mois de vie, un tapis de sol ferme sur lequel bébé sera confortablement installé est suffisant. Il pourra alors découvrir ses mains, ses pieds et tourner la tête de chaque côté pour observer des jeux placés à proximité.

Plus grand lorsqu'il commence à se retourner, tu peux le laisser sortir du tapis pour aller vers le carrelage. Et quand il commence à se déplacer, offre-lui un grand espace voire même d'aller dehors.

Une fois bébé dans un environnement adapté, propose-lui des activités et jeux adaptés à chaque étape du développement. Place des objets intéressants, juste hors de portée pour encourager le mouvement. Pour les bébés plus âgés, crée des parcours d'obstacles simples avec des coussins et des jouets. Les jeux de cache-cache avec des objets peuvent stimuler la curiosité et encourager le mouvement.

Pour faciliter la pratique de la motricité, il importe de proposer régulièrement des situations d’activité.

L’intégration dans des routines est essentielle pour maximiser les bénéfices de la motricité libre. En plus des moments dédiés au jeu libre chaque jour, où ton enfant peut explorer son environnement sans contraintes. Les moments de la vie quotidienne comme le change peuvent être une excellente opportunité pour laisser ton bébé bouger librement et pratiquer sa motricité.

La gestion des inquiétudes et des attentes parentales est un aspect souvent négligé, mais crucial de la motricité libre. Il est naturel pour les parents de s'inquiéter ou de vouloir intervenir. Il est important de réaliser des stimulations et accompagnements avec un soutien adapté et minimal.

Faire à la place de son enfant ne l’aidera pas.

Accepter que chaque enfant se développe à son propre rythme est essentiel. et il n'est pas nécessaire de comparer ton petit aux autres. Célèbre les progrès individuels de ton enfant, quelle que soit leur ampleur. C’est en dépassant des difficultés que l’enfant développe sa confiance en soi et ses compétences de résolution de problème.

Évidemment, face à des difficultés, bébé risque de ressentir de la frustration. Encourage-le verbalement et montre ta confiance en ses capacités sans aller jusqu’à la crise.

Rappelle-toi que la motricité libre vise à développer non seulement des compétences physiques, mais aussi la confiance en soi et l'autonomie

Le choix du matériel joue un rôle crucial dans la mise en place d'un environnement propice à la motricité libre. L'équipement nécessaire n'a pas besoin d'être couteux ou sophistiqué, mais il doit être soigneusement sélectionné pour répondre aux besoins de développement de l'enfant.

Un élément essentiel est un tapis de sol ferme, mais confortable. Ce tapis servira de base sécurisée pour les explorations du bébé. Il doit être suffisamment épais pour amortir les chutes éventuelles, mais assez fermes pour permettre les prises d’appuis et des mouvements stables. Des coussins de différentes tailles et formes peuvent également être utilisés pour créer des reliefs et des obstacles, stimulant ainsi l'exploration et le développement de l'équilibre.

La sélection des jouets appropriés est tout aussi importante. Il est préférable de choisir des jouets simples qui encouragent l'exploration et la manipulation. Des balles de différentes tailles et textures, des cubes ou des blocs de construction adaptés à l'âge de l'enfant, et des jouets à tirer ou à pousser sont d'excellents choix. Des objets du quotidien surs, comme des ustensiles de cuisine en plastique ou des boites vides, peuvent également être très intéressants pour les bébés. Autre exemple, 5 activités de motricité libre avec une panière à linge.

Les vêtements adaptés à bébé sont trop souvent négligés. Les vêtements doivent être souples et non contraignants pour permettre une liberté totale de mouvement.Fais également attention aux types de tissu utilisés pour éviter qu'il ne glisse sur la surface d'appuis. Tu peux lire mon article complet sur les vêtements de bébé.

Ensuite, aux niveaux des pieds, pour les bébés qui ne marchent pas encore, il est préférable de les laisser pieds nus ou en chaussettes antidérapantes. Lorsqu’ils commencent à se verticaliser, préfère les chaussons souples plutôt que d'utiliser des chaussures rigides. Cela permet un meilleur développement de la proprioception et une meilleure stabilité. Lis mon article sur le choix des chaussures pour bébé.

Enfin, certains objets sont à éviter comme les parcs, les transats, les arches, ou de laisser bébé dans le cosy en dehors de la voiture. Ces objets bloquent bébé et le limitent dans ses explorations motrices.

Pour accompagner Bébé en motricité libre, il est important de bien connaitre les étapes de développement moteur.

Le développement moteur de l'enfant suit généralement un schéma prévisible, bien que le rythme et les chemins utilisés puissent varier considérablement d'un enfant à l'autre. Comprendre ces étapes peut aider les parents à mieux accompagner leur enfant dans son développement, tout en respectant son rythme individuel.

Dans le développement moteur, on peut discerner différentes phases qui permettent à Bébé d'apprendre à bouger.

La première est principalement dans une phase de mouvements réflexes et involontaires. C'est également une période ou Bébé dort beaucoup.

Puis, il commence à développer le contrôle de sa tête et de son cou. C'est aussi une période d'observation intense, où le bébé découvre son environnement visuel et commence à ressentir son propre corps. Il réalise que les membres lui appartiennent et qu’il peut agir sur eux. La motricité libre à ce stade consiste principalement à offrir des moments de liberté de mouvement, sans contraintes de vêtements ou de position. Bébé va alors tester ses différentes amplitudes.

Ensuite, le bébé entre dans une phase passionnante de découverte de son corps. Il commence à explorer ses mains et ses pieds, les portant souvent à sa bouche. C'est aussi à cette période que surviennent généralement les premiers retournements, d'abord du dos au ventre, puis du ventre au dos. La motricité libre encourage ces explorations en fournissant un espace sûr et des objets intéressants à portée de main.

Maintenant que l’enfant a passé du temps sur le ventre, il développe rapidement ses capacités motrices. Il commence aussi à se déplacer au sol, d'abord par pivotement ou en rampant. La manipulation des objets devient plus précise. La motricité libre soutient ces développements en offrant un environnement qui encourage l'exploration et le mouvement, laissant de l’espace disponible pour bouger et explorer.

La motricité libre, bien que de plus en plus populaire, fait encore l'objet de nombreux mythes et idées reçues. Il est important de les démystifier pour permettre une compréhension claire de cette approche.

Un des mythes les plus répandus est que la motricité libre signifie laisser l'enfant sans stimulation. C'est faux. Tout ce qui entraine une réaction de bébé est une stimulation. Que ce soit l’intensité de la lumière, la localisation du bruit, la façon de le porter, les jeux proposés et leur emplacement ou encore les encouragements prodigués à l’enfant, ce sont autant de stimulations différentes. Par conséquent, les bébés baignent dans un flux de stimulations. Il est donc important de choisir celles qui sont adaptées.

Il faut saluer les travaux d’Emmi Pikler et sa fine analyse du développement moteur de l’enfant. L’apport de la motricité libre sur le développement moteur est indéniable et les grands principes de cette approche devraient tous nous guider pour accompagner les bébés.

De mon expérience et des recherches scientifiques réalisées depuis, j’ai quelques petits ajustements à apporter .

Pour commencer, en motricité libre, l’enfant n’est placé que sur le dos. Aujourd’hui, nos connaissances montrent que les temps sur le ventre (ou "tummy time") dès la naissance sont importants pour le développement moteur et pour prévenir l’apparition de difficultés motrices.

La pratique de la motricité libre avec des choses à faire et à ne pas faire me gêne. Il me semble important de bien expliquer et comprendre pourquoi certaines actions et stimulations sont ou ne sont pas recommandées. Quel est le risque de les proposer ? Ensuite, à chacun·e de faire ses propres choix en conscience. La motricité libre ne doit pas être pratiquée de manière dogmatique. Chaque enfant est différent et leurs besoins aussi.

Enfin, je pense qu'il est possible d'intervenir entre le moment ou Bébé est en difficulté et le moment ou il se met à râler, se bloque ou être trop frustré de ne pas y est arrivé et se crispe, pleure. À mon sens ce qui compte c'est de soutenir la motricité avec des accompagnements dont l'intensité est dosée afin d'aider bébé sans faire à sa place. C’est trouver le juste équilibre entre ni trop faire ni pas assez.

Les travaux d'Emmi Pikler et le développement de la motricité libre ont permis de très grandes avancées dans l'accompagnement du développement moteur. Les grands principes de laisser faire l'enfant un maximum par lui-même pour qu'il apprenne à construire sa motricité sont pleinement valables de nos jours.

Emmi Pikler met également en avant le rôle primordial du parent qui doit proposer un environnement adapté et sécurisé sans oublier l'accompagnement affectif avec des encouragements.

Elle nous rappelle d'accepter que nos enfants évoluent selon des schémas globaux connus avec quelques variations interindividuelles et à des rythmes différents.

Ce qui importe le plus n'est pas la vitesse à laquelle les bébés réalisent leurs étapes motrices, mais la qualité de celles-ci.

Mais attention, la motricité libre ne doit pas être vécue comme un dogme ou une contrainte. Les découvertes scientifiques depuis les années 60 ont apporté de nouvelles connaissances et certaines composantes de la motricité libre doivent évoluer, comme la nécessité du "tummy time".

Attention également aux idées reçues sur la motricité libre et aussi de penser que c'est une absence de stimulation.

Maintenant, tu as toutes les clés pour mettre en place la motricité libre à la maison. Amuse-toi bien avec ton enfant !